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Province – Paris

Paris s’est offert à moi dimanche 13 janvier 2019.

« Bien sûr, avant cette date, j’avais déjà grimpé sur ses toits, m’étais déjà assise longuement dans ses cafés, j’avais déjà martelé mes courts week-ends de ses musées et ses quartiers. Mais le train qui me menait gare de Lyon avait cette fois un goût différent. Loin d’une impression de nouveauté, je portais avec moi un sentiment réconfortant, et pour cause : je rejoignais une amie. »

« Lorsqu’il me fallut trouver un stage de fin d’études, je rêvais tant de filer à l’étranger, que je postula dans toutes (ou presque) les ambassades de France à l’étranger : Espagne, Italie, Mexique et du Canada. Quelques réponses me vinrent, souvent négatives, parfois non définitives, et une fois même, positive : Toronto. J’étais excitée à cette idée bien qu’à la fois terrorisée. Je n’ai finalement pas donné suite à cette opportunité qui ne coïncidait pas avec mes dates de stage. Un peu déçue, je tentais de me dire qu’une telle opportunité n’aurait été qu’un stage, et qu’aucune offre professionnelle n’aurait pu lui succéder. J’épluchais les offres des soirées durant, tout en révisant mes derniers examens. Adepte des candidatures spontanées, je me tournai vers un hebdomadaire que j’affectionne, logé à Paris. Sitôt envoyée, je reçus une réponse pour un entretien virtuel. Cet enchaînement de la vie me précipita dans des recherches d’appartements parisiens  : des « placards », toujours trop chers, toilettes sur le palier, une concurrence à faire pâlir, un maximum de garants, un minimum de chance. Comment ferai-je ? Ma future tutrice s’en inquiéta elle-même : « Aurez-vous de quoi vous loger à Paris ? ». Je répondis par l’affirmative.»

« Aussitôt que je reçus une réponse positive, ma future colocataire et amie de longue date me proposa de me louer son appartement, tandis qu’elle vivait avec sa compagne. Gênée par la proposition, je mis un temps à accepter. L’idée d’habiter à plus d’une heure porte à porte de mon lieu de stage me paraissait pénible (NDLR : Au moment où je postule pour Paris, je loge à onze minutes à pieds de mon école marseillaise où j’étudie) La vie s’apprête à changer. La proposition de mon amie tient toujours, même s’il n’est plus question de location, mais de colocation. De mon côté, ma charge de travail me semble énorme, le stage, un mémoire à rédiger et Paris. Un Paris que je veux vivre non plus comme une touriste.

J’accepte que mon amie de longue date, avec qui je compte bien rattraper le temps perdu, me consacre sa deuxième chambre, gênée, dans le fond soulagée. Une part de moi danse à l’idée de cette nouvelle vie qui démarre.»

« Je mis la main sur un « Ouigo » qui me mena jusqu’à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle. Depuis le grand panneau d’affichage international, il semblait que j’arrivais d’un pays lointain. Marseille Airline. Ma « coloc » était déjà là, sur le pied de guerre. M’imprégnant des couleurs maussades de l’extérieur, une pointe de nostalgie m’amena à penser qu’ici les hivers seraient probablement plus longs que sur la Canebière. J’aperçus celle que j’appellerai dorénavant ma coloc, je dépose ma légère vie dans son coffre, avant de démarrer vers « notre » nouvelle demeure. J’étais sur le point de devenir francilienne.»

J.T

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